Contes et légendes

Challenge de ruse entre Jakpeliga* et Olaamo*…

Un beau jour, le rusé lièvre « Jakpeliga » vint trouver son compère l’engoulevent Olaamo.

« Mon cher ami, j’ai grand désir de rendre visite à mon beau-père. Accepterais-tu de m’accompagner ? »

L’oiseau, avec méfiance, n’accepta qu’à la condition que son acolyte ne tente aucune ruse à son égard.

Ils prirent donc la route, l’esprit léger. Une fois arrivés dans la belle famille, on les accueillit avec chaleur. Dès le lendemain, Olaamo fit mine d’aller chasser, mais demeura secrètement perché sur le faîte de la case, aux aguets. Jakpeliga, quant à lui, réclama à sa belle-mère un bon plat de riz, prétextant que le glouton d’Olaamo l’avait privé de sa part durant la nuit. Une fois servi, le lièvre s’empressa alors de se mettre à table. Mais à peine le plat posé, l’oiseau soupçonneux fit soudain son irruption, forçant Jakpeliga à partager son repas.

Le manège se répéta le jour suivant. Toutefois, le troisième jour, le rusé lièvre eut la malice de se faire préparer une généreuse portion de haricots, qu’il fourra dans son sac, sans en laisser la moindre miette à son compagnon. Lorsque celui-ci revint furtivement comme elle en avait l’habitude, Jakpeliga lui annonça simplement qu’il était temps de rentrer au village.

Sur le chemin du retour, Olaamo, sachant que son compagnon l’avait doublé et le cœur empli de rancœur, guettait l’occasion de se venger. Au détour d’un buisson et saisissant un instant où Jakpeliga s’était emmêlé dans les broussailles, il se glissa furtivement dans son sac, le vida soigneusement et le remplit de fientes et autres déchets, avant de ressortir sans que l’autre s’en aperçoive. « Rira bien qui rira le dernier ! », se dit-il, triomphant.

De retour chez lui, Jakpeliga appela joyeusement ses petits pour leur distribuer les provisions emportées chez ses beaux-parents. Mais à l’ouverture du sac, quelle ne fut pas sa stupeur de n’y trouver que des détritus ! Fou de rage, il s’élança pour attraper l’engoulevent. Celui-ci, plus malin, évita le coup et alla se percher narquoisement sur la tête du premier levreau. Le lièvre, aveuglé par la colère, asséna alors un violent coup qui, manquant sa cible, écrasa la tête de son propre fils.

Olaamo renouvela son audacieux manège, se postant cette fois sur la tête de « Pojenga », la femme de Jakpeliga, qui subit le même sort tragique. Le malheureux lièvre, croyant en finir avec son damné compagnon, continua ainsi à tuer un à un tous ses enfants.

Profitant de cette folie meurtrière, Olaamo vint narguer avec insolence son ancien acolyte, juché sur sa propre tête. Jakpeliga, exaspéré au-delà de l’imaginable, s’agrippa d’un bond furieux au toit de sa case et, tête la première, s’écrasa au sol, où il trouva la mort.

Ce jour-là, l’engoulevent Olaamo reçut la palme de la plus grande ruse, ayant surpassé en malice tous les animaux de la brousse.

Ce conte africain véhicule une morale sur les dangers de la ruse et de la malice excessive dans les relations interpersonnelles.

Les principaux enseignements du conte indiquent que :

  • la duperie et les manœuvres malicieuses, même si elles permettent de prendre le dessus un temps, finissent souvent par se retourner contre leur auteur. La recherche effrénée de l’avantage personnel au détriment des autres mène généralement à une issue funeste ;
  • l’orgueil, la colère aveugle et le désir de vengeance peuvent conduire à commettre des actes irréparables et tragiques.

La sagesse consiste donc à savoir faire preuve de modération, de prudence et de discernement dans ses actes, plutôt que de chercher à jouer des mauvais tours à autrui.

*Jakpeliga : un des noms donné au lièvre dans les contes en gulmancema

*Olaamo : l’engoulevent (gulmancema)

✍🏽 MindiebaⓂ️

Laisser un commentaire